L'enfantisme
Lorsque le jeune public devient acteur de la création, il exerce non seulement sa capacité à penser mais prête également attention aux grands oubliés de l’école: le corps, la rêverie, l'imaginaire ou encore l’intime. Où cette génération nous emmène-t-elle lorsqu’on lui laisse la liberté d’agir? À une époque où cette tranche de la population demeure opprimée, un nouveau mot a vu le jour: enfantisme. Construit sur le modèle de féminisme, ce terme désigne les luttes en faveur des intérêts des enfants. Celles et ceux qui s’engagent dans ce mouvement proposent d’abolir le rapport de domination des adultes pour inventer une nouvelle réalité sur la base d’une relation horizontale. La théorie est belle, mais concrètement, comment sensibiliser les enfants aux enjeux sociétaux? Et comment mieux les inclure dans le débat?
Un public présent et important
Le directeur artistique et général du Théâtre Am Stram Gram, Joan Mompart, connaît le lien entre l'artiste et le jeune public depuis longtemps. Sur les planches, il a joué L’histoire du soldat de Ramuz devant des enfants. Dans l'une de ses répliques, une question est posée par trois fois. Il sent un frémissement parcourir la salle à la première occurrence. La répétition pousse les enfants à se concerter. À la dernière itération, ils répondent au personnage! Pour Joan Mompart, la jeunesse est un public à part entière, à considérer aussi sérieusement qu'une audience adulte. Lorsque certain·e·s lui disent qu'il a le public de demain, il réfute:
Pas du tout, j'ai le public d'aujourd'hui.
Une approche active du théâtre
Fabiana Piacenza est chargée de médiation et des relations scolaires au Service de la culture de Meyrin. Elle se souvient, enfant, de son premier contact avec l'art. Elle a immédiatement plongé dans la pratique artistique en interprétant une pièce de Molière devant ses camarades, dans la grande salle de la cantine scolaire. Un beau souvenir, qui prouve l'impact de l'art sur les jeunes. En tant que médiatrice, Fabiana Piacenza organise des ateliers autour des spectacles, notamment avec les groupes scolaires, en lien avec le système pédagogique.
Il faut donner la possibilité aux enfants de se confronter au processus théâtral, c'est très formateur.
Olivier Mottaz s'intéresse à l'initiation à l'art des enfants, tandis que José Lillo constate la situation des jeunes à travers le monde.
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Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 22 mars 2024
Publiée le 22 mars 2024
Crédits photo: Agora au Théâtre Am Stram Gram © Ariane Catton
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