La mode suisse
Depuis 2011, la plateforme professionnelle Mode Suisse organise tous les six mois des événements qui n’ont rien à envier aux Fashion Weeks parisienne et new-yorkaise. Parmi les personnalités qui font bouger les lignes: Nina Yuun transforme des chemises de seconde main en créations originales, Sophie Fellay récupère de la laine de moutons suisses, habituellement brûlée, pour constituer ses pièces et Kevin Germanier – dont on a pu apercevoir les tricots dans la série Netflix, Emily in Paris – utilise des tissus recyclés et récupère des perles jetées. La mode suisse semble être internationale. Les créateurs locaux s'exportent, tandis que des artistes viennent de l'étranger pour étudier et s'installent parfois, lançant leurs projets artistiques en terres helvétiques.
Des écoles à la mode
La qualité des formations proposées à Genève, Zurich et Bâle y est pour beaucoup dans l’équation. Celles-ci attirent des talents de l’étranger et font éclore ceux qui se trouvent déjà dans la région. Rachel Maisonneuve a assisté au défilé des étudiant·e·s Bachelor et Master de la HEAD. Elle s’est infiltrée dans les coulisses de la répétition générale, une fourmilière grouillante et impatiente où étudiant·e·s, mannequins et habilleur·euse·s se dévoilent. La styliste Lucie Guiragossian est une ancienne étudiante de la HEAD. Elle quitte la France pour ses études, avant de fonder à Genève, en 2019, sa marque Lundi Piscine. Beata Modrzynska, elle aussi diplômée de la HEAD, vit actuellement en Pologne et a créé en 2019 Aporeei. Toutes deux tiennent à honorer leurs valeurs dans leur travail.
Une mode durable et éthique
Lucie Guiragossian fait le constat de la situation:
À l'heure actuelle, l'industrie textile tient la palme de la deuxième industrie la plus polluante au monde.
Elle s'interroge alors sur les possibilités de créer sans détruire, mais en valorisant ce qui est déjà. L'upcycling est l'une des approches de la création de vêtements durables: il s'agit de récupérer le textile d'éléments de seconde main pour fabriquer les nouvelles pièces. Beata Modrzynska souligne l'importance de concilier mode et conscience écologique et pratique notamment le Zero Waste dans la découpe des patrons. Les chutes sont réutilisées en ornements et rien n'est jeté.
Vivre de la mode en Suisse
Ce paysage actuel fait rêver mais son futur est incertain. Dans une société qui prône la surconsommation, il est difficile de maintenir sur le long terme des productions écoresponsables. Remporter des concours à l’étranger peut suffire pour trouver une place dans une maison établie, mais qu’en est-il de celles et ceux qui souhaitent créer leur propre label en Suisse? Fabriquer de manière éthique et écologique a un coût conséquent pour les stylistes locaux, qui peinent à rentrer dans leurs frais.
José Lillo observe globalement la situation actuelle et se pose aussi de nombreuses questions. Il s'interroge sur 2023, 2022, 2021, et toutes les années qui précèdent. À choisir, pour laquelle faudrait-il opter?
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Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 24 novembre 2023
Publiée le 24 novembre 2023
Crédits photo : Lundi Piscine
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