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S3E08 Intégrale - Rôtir en ville ? L'architecture au défi du réchauffement

Sommes-nous donc tous condamnés à rôtir en ville ? Et comment bâtir pour ne pas avoir le sentiment, demain, d’habiter sur Mercure ou dans sa proche banlieue ?

L'urgence climatique

Reprenons les faits et débutons par un constat glaçant, terme on ne peut plus mal choisi en l’occurrence. Le secrétaire général de l’ONU déclarait en effet il y a quelques temps :

L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale.

C’est un constat largement partagé, fruit d’un consensus scientifique que seuls quelques zazous songent à remettre en cause, eux qui récusent, minimisent ou négligent carrément le réchauffement climatique, souvent au service de lobbys fossiles ou de théories complotistes qui surchauffent de la cafetière. Il fait très chaud, l’année 2023 a de nouveau enregistré plusieurs records de température depuis le début des mesures et gageons que 2024 et suivantes vont encore nous réserver leur lot de phénomènes extrêmes.

Les hautes températures en ville

Alors que faire, comment lutter ? Comment construire, en particulier en ville, pour éviter la liquéfaction des habitants des centres urbains ? Pas question de tous se retrouver avec des blocs de climatisation qui poussent sur nos immeubles comme des verrues : ils refroidissent les logements en consommant une énergie colossale et crachent leur air chaud au-dehors, dans les rues, qui sont donc encore moins vivables ! La solution résiderait-elle dans la végétalisation des toits, des murs, des villes ? Dans les bâtiments passifs, à énergie positive ou bioclimatiques ? Dans les promesses de l’architecture 2226, qui annonce une température constante dans ses immeubles sans chauffage ni climatisation ?

Adapter à grande échelle

Reto Camponovo, ingénieur énergéticien, apporte son éclairage sur la situation et sur les méthodes à adopter pour aller de l'avant, dans la bonne direction. Il s'accorde avec Panos Mantziaras, ingénieur architecte, sur la nécessité de penser à une échelle globale l'évolution de la ville. Il ne s'agit pas de construire séparément des bâtiments plus adaptés au dérèglement climatique, mais d'envisager cela de manière systémique. Construction, végétalisation, tout doit être minutieusement réfléchi dans son ensemble et adapté à chaque localisation.

Lucie Eidenbenz est allée à la rencontre d'Arthur de Buren et Charles Capré, deux architectes qui ont réhabilité une grange en cluster d'habitation. Une solution admirable selon les deux invités, mais adaptée à un espace précis, la campagne. La ville présente des caractéristiques différentes, les méthodes utilisées ne sont donc pas applicables à l'identique. Reto Camponovo enseigne, ce qui lui redonne confiance en l'avenir : la jeunesse est écologiquement consciente et sensible aux enjeux climatiques. Quant à José Lillo, il laisse de côté le temps qu'il fait pour se plonger dans le temps présent. Il déniche dans l'actualité un anniversaire, qui ne fait pas remonter que de bons souvenirs.

Des solutions complexes mais possibles

Il n'est pas aisé d'esquisser les contours de la ville d’aujourd’hui et de demain, une ville réaliste, agile et hospitalière. Les défis sont nombreux, si l’on tient compte du fait que le réchauffement est avéré et que nous n’allons cesser d’en subir les effets de plus en plus marqués. Cesser d’imperméabiliser les sols, garantir la circulation des moyens de transport, des gens, de l’air, sans grignoter les espaces verts existants et, au contraire, multiplier ces derniers, puisqu’ils fixent le CO2, purifient l’air et contribuent à faire descendre la température de quelques degrés.

Quant à l’architecture, les différentes pistes évoquées montrent en tout cas que les géants de verre et de béton climatisés à tous les étages et posés dans des déserts minéraux ont fait leur temps et qu’il est nécessaire et possible de construire de façon bien plus efficiente.

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Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 10 novembre 2023
Publiée le 10 novembre 2023
Modifié le 12 novembre 2023
Crédits photo : Projet Soubeyran © Jaromir Kreiliger

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