Midi Bascule

S3E07 Intégrale - Tout le monde à poils ?

Corps maigres, gros, petits, géants, difformes, retouchés, tous sont soumis au regard que la société porte sur eux. La pilosité fait particulièrement parler d'elle, surtout lorsqu'elle est féminine.

Les injonctions faites au corps féminin

A-t-on véritablement le choix de faire ce que l'on veut de notre enveloppe personnelle ? Lorsque l'on sort sans maquillage, entendre les gens s’inquiéter - t’as l’air fatiguée - peut être décourageant. Les diktats sont nombreux dans un monde où prime un certain type de beauté, surtout lorsque l'on apprend aux femmes, dès l’enfance, que leur valeur se trouve dans leur physique. Candice Savoyat souligne la charge esthétique, autant financière que mentale, qui pèse sur leurs épaules.

La nécessité de la beauté

Des mouvements tentent de résister, comme le Januhairy, en français le janvier poilu, ou le Body Positive qui célèbre les différents types de morphologie et les imperfections. Ces élans de rébellion sont-ils efficaces ou imposent-ils encore une nouvelle injonction, celle de s'accepter et de s'aimer ? Depuis quelques temps a surgi le terme neutralité corporelle, qui oriente le regard vers la fonctionnalité du corps et non son apparence.

L'art et les poils

L'art influence-t-il la société ? Ou est-ce l'inverse ? Olivier Mottaz s'insurge par exemple contre le recours généralisé à l'épilation intime, bien moins hygiénique qu'on ne le pense et née de l'esthétique des films pornographiques. Mais les poils intimes ne sont pas les seuls à être éradiqués. Les jambes féminines au cinéma sont-elles glabres parce que, dans la société, la majorité des femmes s’épile ou est-ce que les femmes s’épilent parce que leurs héroïnes à l’écran le font ? Comment fabrique-t-on un imaginaire totalement neuf, loin de la réalité que l'on connaît ? Des artistes s'emparent du sujet, notamment les comédiennes Fanny Wobmann et Laurence Maître, ainsi que l'autrice et dessinatrice Émilie Gleason.

Devenir Ourse

Comédiennes, autrices et créatrices du spectacle Devenir Ourse, Fanny Wobmann & Laurence Maître ont joué ce voyage qui questionne la façon dont le corps des femmes est appréhendé par les autres et par elles-mêmes au Théâtre du Pommier, à Neuchâtel. L'ourse représente la puissance, l'agressivité et la force, autant de qualificatifs tenus aussi loin que possible de l'image de la femme par la société actuelle, et que les deux artistes tentent de se réapproprier sur scène.

Un monde idéal pour nos poils

La bédéiste Émilie Gleason a créé Ebourrifant.e.s, une bande dessinée dressant le portrait d'un futur qui célèbre les poils. Posant comme décor principal un salon de coiffure spécialisé dans le soin des poils, l'autrice illustre son militantisme joyeux et utilise l'humour pour dénoncer ce qui pèse sur le présent. Au premier comme à l'arrière-plan, ses convictions se dessinent et les cases étriquées de la beauté explosent. Poils, vêtements, maquillage, l'apparence ne devrait pas être un problème, ni même vraiment un sujet.

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Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 3 novembre 2023
Publiée le 3 novembre 2023
Crédits photo : Spectacle
Devenir Ourse © Guillaume Perret

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