Midi Bascule

S3E05 Intégrale - L'horlogerie à l'heure du numérique, un art en sursis

Un artisanat aux confins de la technique, de l’art et de la culture qui se réinvente au XXIe siècle : acte d'émancipation par rapport au téléphone, objet porteur d'histoire et d'émotion, la montre mécanique n'a pas encore fait son temps.

Un objet intemporel

Il y a, aujourd’hui encore, une réelle appétence pour les garde-temps, comme en témoigne la fréquence à laquelle des projets de création horlogère fleurissent sur les plateformes de financement participatif, où ils parviennent souvent à réunir les fonds nécessaires à la création d’un modèle. Samuel Gillioz, horloger indépendant et créateur de la marque Kauri, explique son rapport à cet artisanat. Passionné par l'objet qu'est la montre, il apprécie sa dualité entre esthétisme et mécanique. Explorateur des matériaux, il crée des boîtiers en bois, expérimentant et découvrant quelles essences sont propices à la construction et au port quotidien d'une montre. Dans sa pratique de l'horlogerie, il met l'accent sur l'histoire de la création, liée au vécu de celui ou celle qui la porte :

Aujourd'hui, les montres ne sont plus portées pour lire l'heure, mais pour ce qu'elles racontent sur leur porteur.

Les clients échangent avec Samuel Gillioz pour définir l'apparence de leur montre, unique et personnelle. Certains amènent même une partie des matériaux, comme un type de bois cher à leur cœur. Pour en apprendre plus sur la fabrication des montres, Lucie Eidenbenz visite Watchland, le site de production de Franck Muller, les masters of complications.

Mécanique ou connectée ?

Les horlogers traversent la crise du quartz dans les années 70 et 80. En 2014, un nouveau défi les attend lorsque les montres connectées débarquent, raflant une partie de la clientèle avec des objets bardés de capteurs, que Candice Savoyat rapproche des gadgets des Totally Spies ou de Sophie, la nièce de l'Inspecteur Gadget. Pourtant, les horlogers résistent. Ceux qui s’inscrivent dans la tradition n’ont peut-être pas trop à craindre de la concurrence des smartwatchs, comme Samuel Gillioz, qui ne les voit pas comme des menaces :

Beaucoup de clients portent une montre connectée la semaine pour le travail et sortent leur montre automatique le week-end, par plaisir.

Il y a comme une fatigue des écrans, une volonté de s’en affranchir et de ne pas voir sa vie monitorée dans ses moindres aspects, surtout au prix d’une recharge quotidienne supplémentaire. Cependant, les smartwatchs s'adaptent aussi. Adrian Buchmann est l'un des cofondateurs de la marque Sequent, une jeune entreprise qui bouscule les codes de la montre connectée. Fabriquées en Suisse, leurs montres sont les premières à être alimentées par les mouvements du porteur.

Les deux objets semblent donc aujourd'hui plus complémentaires que concurrents, n'attirant pas pour les mêmes usages et évoluant tous deux entre les mains d'artisans passionnés.

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Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 13 octobre 2023
Publiée le 13 octobre 2023
Crédits photo : Lukas Tennie © Unsplash

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