Midi Bascule

S2E33 Chronique de Candice - La Booty Therapy: libérer ses émotions plutôt que de s’asseoir dessus

La Booty Therapy est l’art de remuer ses fesses dans tous les sens. Plus qu’un sport, c’est un défouloir pour reconnecter avec sa féminité et se débarrasser des traumas du passé stockés dans les fesses. À essayer sans modération.

Et oui, aujourd’hui on parle de cul. Alors attention, pas de sexe, mais de fesses, de popotin, de lune, de derrière. Car oui, la thérapie par les fesses, ça existe. Ça s’appelle la Booty Therapy, parce que, comme beaucoup de choses, c’est plus sexy en anglais.

Ça a été inventé en 1996 par la chorégraphe française Maïmouna Coulibaly. Pour profiter des bienfaits de cette thérapie, il suffit de shaker son booty, c’est-à-dire de remuer ses fesses dans tous les sens. Vous allez me dire, où est la thérapie dans tout ça? Et bien tous nos traumas et nos émotions refoulées sont stockés dans nos fesses, donc le fait de les déhancher de manière virulente permet de libérer tout ça et de se sentir allégé. Fini les soucis! C’est donc bien une thérapie par le corps, la danse, le mouvement, la libération et - la grande tendance du moment - le lâcher prise.  

Pour se lancer, on s’inscrit à un cours ou un stage de Booty Therapy, pour apprendre les bases. C’est souvent dans un studio de danse ou une salle de sport avec de la musique qui envoie et une prof au taquet. Mais pas trop quand même, contrairement au cours de CrossFit où on se fait gueuler dessus comme des merdes, l’idée c’est de construire un espace sain et sécurisé, entouré de personnes bienveillantes. C’est dans ces cours qu’on ressent la force du collectif. Ensemble on est plus fortes. L’énergie véhiculée par toutes ces fesses qui bougent en simultané permet déjà de se sentir moins bête que chez soi devant la glace, mais aussi de trouver du pouvoir grâce au groupe pour mieux s’affranchir personnellement: en mode thérapie collective.

C’est mieux de faire ça à plusieurs et c’est encore mieux de le faire dans l’espace public. Comme le dit Maïmouna, oui on peut ouvrir les jambes et shaker dans la rue. C’est là où la Booty Therapy devient une démarche politique: remettre le corps des femmes dans la ville. Ça passe par des Flash Mob de Booty Therapy, on sort la grosse sono, les shorts en lycra et on booty-shake à 250 en plein Paris, souvent lors de rassemblements dédiés aux violences sexuelles et sexistes. C’est une thérapie physique qui permet de guérir une partie des violences subies dans la chaire, agressions, viols, excisions, en se réappropriant son corps pour en faire un outil d’émancipation, et non plus un lieu de honte.

Cette pratique s’inspire des danses afro-urbaines et plus particulièrement du Mapouka, une danse de Côte d’Ivoire qui invoque la déesse de la fertilité. Donc ce n'est pas juste un effet de mode, il y a une vraie réflexion derrière qui permet de retrouver sa puissance naturelle. Au-delà du mouvement physique, c’est une philosophie qui permet de mieux appréhender son quotidien avec des valeurs de respect, de sororité et d’empouvoirement.

La Booty Therapy s'adresse à toutes les fesses, petites, moyennes, grosses, plates, bombées, musclées ou dodues. Certains cours sont même accessibles aux hommes. Oui, eux aussi ont des émotions coincées dans les fesses. Libérateur et cathartique, le Booty Shake permet de pousser les cris qu’on a pas eu le droit de pousser avant et de se libérer de toutes les injustices, loin de la famille, des tabous et du politiquement correct.

---
Emission diffusée sur Radio Vostok en direct du Forum Meyrin, le 26 mai 2023
Publiée le 29 mai 2023

0:00 / 0:00