Selon Dominique Ziegler, une partie de la population combat le racisme sous toutes ses formes et lutte pour l'égalité femmes-hommes ou pour l'écologie, et en réaction, l'autre veut anéantir la cancel culture. (Il l’avoue, il caricature un brin.)
Le terme cancel culture est plus rarement utilisé en français. Sa traduction la plus proche serait «la culture de l’annulation» ou «du bannissement». La pratique vient des Etats-unis et a pris de l’ampleur avec le mouvement Me Too. Il s’agit de dénoncer publiquement – le plus souvent, via les réseaux sociaux – une personne, une œuvre culturelle ou même une entreprise pour des mots ou des actions jugées problématiques (parce qu’homophobes ou racistes, par exemple). Certaines personnes y voient une forme d’activisme, d’autres une nouvelle censure. Les statues déboulonnées ou les salarié.e.s licenciées pour avoir tenu des propos répréhensibles sur le net sont «les victimes» de cette culture du bannissement. Les opposants et opposantes alertent sur les dérives de ce procédé, comme le non-respect de la présomption d’innocence ou des accusations sans preuve.
Le souci est que l’expression «cancel culture» est utilisée un peu à tout va et a perdu de son sens initial. Au printemps 2021, deux journalistes américaines critiquent une attraction de Disneyland qui vient d’être refaite. Elles s’étonnent du nom donné à la scène finale de Blanche-Neige: «le vrai baiser d’amour». Selon elles, un baiser lorsque l’un des protagonistes est endormi ne peut pas représenter l’amour vrai. Leur article soulève une polémique. Rien que ça. Ses autrices sont accusées de cancel culture, justement. Mais qu’ont-elles banni? Elles proposent une piste de réflexion sur une scène qu’elles ne jugent plus en phase avec les évolutions de la société, tout au plus. Aucune attraction n’a été interdite ni même fermée.
Est-ce que lorsque la culture dominante annule les autres formes d’expression, on appelle aussi cela de la cancel culture? Quelles structures permettent à des personnes d’avancer des points de vue, au détriment d’autres? Qui choisit l’histoire dont on se rappelle dans les manuels scolaires? Comment faire de la place à des figures féminines historiques sans effacer les figures masculines?
Autrement dit, comment construire un avenir progressiste, sans retour de bâton?
Pour en parler, nous recevons en studio Thyphaine D., autrice, comédienne, metteuse en scène et formatrice engagée dans les luttes féministe, antispéciste et écologiste entre autres. Tout au long de l'émission, nous écoutons également les messages vocaux de Victoire Tuaillon, autrice et journaliste, rédactrice en cheffe à Binge Audio. Côté Midi Bascule, on retrouve Candice Savoyat et José Lillo aux chroniques, ainsi que Rachel Maisonneuve qui est allée discuter des ces questions avec les étudiant·e·s de la Manufacture.
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Emission diffusée en direct sur Radio Vostok, le 17 mars 2023
Crédits Photo: Pexels
Publié le 17 mars 2023
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