Puis un jour elle sort, elle veut accueillir le monde à travers les sensations particulières de sa perception extraordinaire.
La baignoire de Yelli est une création sonore de Nicolas Croquet.
Yelli en Azerbaïdjanais veut dire "crier";
Yelli en kabyle veut dire "ma fille".
Décembre 2021, Yelli a 16 ans. Elle passe le plus clair de son temps dans sa baignoire. Elle y fuit son époque, la pandémie, son corps, ses études, son avenir. La baignoire de Yelli la protège et l’emporte vers des mondes étranges et rassurants. Synesthète, elle s’évade dans un vibrant ensemble de couleurs sonores et de sons colorés. Elle transforme en ectoplasmes multicolores les bruits du dehors assourdis par les parois de l’habitacle de son cockpit de faïence. Puis un jour elle sort. Elle veut accueillir le monde, ses espaces, ses interstices, à travers les sensations particulières de sa perception extraordinaire.
En traversant cette époque de crises sanitaire et sociétale, les adolescent·e·s et les jeunes adultes se trouvent confronté·e·s à l’enrayement de leur développement. Le confinement et les barrières physiques ont été commentées et exposées en continu dans les médias et réseaux sociaux, mais aussi la crise climatique et géopolitique. Ce bruit constant, global et omniprésent s’avère terriblement anxiogène. Il n’existe plus de refuges. Hypersensible, Yelli s’isole du monde jusqu’au moment où elle se servira de sa particularité, la synesthésie, pour trouver un canal, un pont qui lui permettra de s’échapper. Elle s’évade par ses sens pour accueillir et apprivoiser le monde grâce à sa propre singularité. Son prisme est alors vecteur d’émancipation et d’acceptation de soi.
La baignoire de Yelli est une œuvre sérielle de 6 épisodes d’environ 6 minutes chacun, qui oscille entre le réalisme subjectif des représentations et du ressenti d’une adolescente atteinte de dépression, et le fantastique qui est représenté par les manifestations de sa particularité neurologique, la synesthésie. Avec une narration à la première personne, cette épopée en soi, et hors de soi, cherche à créer l’étonnement et l’empathie. Une posture qui permet aux auditeur·rice·s de vivre les sensations du personnage dans sa double quête émancipatrice. La complexité ici est de décrire les images et perceptions du personnage pour chaque son rencontré, pour en faire un reflet de ses émotions. Ces descriptions se mêlent ainsi aux pensées du personnage à travers son exploration introspective, et la découverte de sa relation nouvelle au monde exterieur.
La synesthésie est un trouble de la perception, un phénomène neurologique non pathologique, par lequel deux ou plusieurs sens sont associés. Cette perception singulière suscite une réflexion sur notre façon d’affronter et de négocier nos existences dans le chaos. J’évoque une porte de sortie, une échappée, en proposant à toutes et tous d’emprunter les chemins de nos singularités comme autant de véhicules émancipateurs.
Crédits:
Auteur et réalisation: Nicolas Croquet
Voix: Léa Dechamboux
Mastering: Alexis Raphaeloff (Radio Vostok)
Musique originale: Nicolas Croquet
Musique générique: Lost on stage, Give me the force; Label FBI Prod/Sur Les Rails/Believe 2003; Interprète Neo; Paroles et musiques Nicolas Croquet.
Illustrations: Felix Brüssow
Soutien à la production: Le Sismographe
Soutien à la production et à la diffusion: Radio Vostok et l’application PlayPodcast
Soutien: Le projet La Baignoire de Yelli a reçu le soutien du Service culturel de la Ville de Genève (SEC), Département de la culture et de la transition numérique, pour la création sonore et radiophonique
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Publié en décembre 2024
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