Midi Bascule

S3E07 Interview - Devenir ourse, avec Fanny Wobmann et Laurence Maître

Occuper la scène par la nudité, s'émanciper en tant que femmes et faire le voyage pour "Devenir ourse", c'est ce que proposent Fanny Wobmann et Laurence Maître dans leur dernière création.

Un intérêt pour des questionnements féministes

Les comédiennes Fanny Wobmann et Laurence Maître ont fondé en 2012 la Compagnie Princesse Léopold, avec Laure Aubert. Leur spectacle Rock'N'Roll Star les emmène sur le chemin de l'émancipation féminine, un thème qu'elles souhaitent retrouver par la suite. Lorsque la ville de Neuchâtel leur offre un mois de résidence, elles saisissent l'opportunité de creuser cette question. Le projet est en route, le voyage qui questionne la façon dont le corps des femmes est appréhendé par les autres et par elles-mêmes commence.

Un projet à plusieurs mains

Devenir Ourse est joué au Théâtre du Pommier, à Neuchâtel. Une lecture d'un extrait de livre ouvre la pièce, il s'agit d'Un corps à soi, de Camille Froidevaux-Metterie, qui les a accompagnées durant toute l'élaboration du spectacle. Fanny Wobmann et Laurence Maître travaillent d'abord en duo pour écrire la pièce, en discutant longuement, en filmant des improvisations avant de les visionner et d'y réfléchir. Lorsque les répétitions commencent, elles s'entourent d'une équipe pour pouvoir se concentrer sur le jeu. La metteuse en scène Floriane Mésenge le leur permet, tandis que la chorégraphe Léonore Guy les guide dans le jeu corporel.

Devenir ourse

Présent dans de nombreuses mythologies et cultures, l'ours est un symbole fort qui représente la puissance, l'agressivité et la force, autant de qualificatifs tenus aussi loin que possible de l'image de la femme par la société actuelle. Les deux artistes tentent de se les réapproprier sur scène et de devenir, elles-mêmes, ourses.

Deux corps nus

La nudité traverse la performance et interroge certains spectateurs. L'entourage des deux artistes y réagissait déjà durant la production, ce qui a surpris les comédiennes, pensant que certains tabous étaient dépassés. Encore souvent associé à l'érotisme ou la pornographie, le corps nu, et surtout féminin, ne se résume pourtant pas qu'à cela. Le choc frontal avec le corps nu provient parfois de la pudeur personnelle, expliquent-elles, compréhensives. Le jeu de lumière a été pensé pour adoucir la rencontre.

S'émanciper et exister

Ni l'une, ni l'autre n'a ressenti de gêne à jouer nue. Ayant pris le temps d'en discuter, elles ont par exemple évoqué leurs habitudes vis-à-vis de leurs poils et ont décidé de ne rien changer pour les représentations. Aucun retour particulier ne leur a été fait sur cet aspect, elles estiment que la scène est plus tolérante que la caméra avec le corps féminin. La création ne s'achève pas sur un happy end. Le chemin n'est pas facile à parcourir pour devenir ourse, mais une voix les inspire. Nina Simone, forte et puissante, ne s'excuse pas d'exister et ouvre la voie.

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Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 3 novembre 2023
Publiée le 6 novembre 2023
Crédits photo : Laurence Maître et Fanny Wobmann

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