La nécessité de s'adapter
Reto Camponovo est ingénieur énergéticien, responsable du Laboratoire LECEA (Laboratoire Environnement Climat Energie Architecture) et professeur ordinaire HES à l'HEPIA. Spécialiste de la thermodynamie, il commence par s'intéresser aux bâtiments, avant d'opter pour une vision plus globale, celle de la ville et de son climat. Son constat est clair :
Il est trop tard aujourd'hui pour éviter de souffrir du dérèglement climatique, il faut maintenant s'adapter.
Ni Genève, ni Lausanne ne sont en mesure d'affronter la hausse des températures. Les quartiers anciens comme les constructions des années 1970 sont les plus inquiétés. Plusieurs solutions s'offrent à nous, mais une grande réflexion doit être menée en amont.
L'art de la mesure
Lorsque l'on entend parler de température et des problématiques liées, on évoque généralement la température de l'air. Or, pour parvenir à établir un plan d'adaptation de la ville aux bouleversements climatiques, il faut d'abord étudier la température équivalente, ressentie par le corps humain. Reto Camponovo étudie donc ce dernier pour identifier les caractéristiques de la ville à modifier. Pour ce faire, son équipe a inventé le microclimamètre, un appareil qui prend la forme d'un sac à dos. Une fois équipé, l'outil mesure plus de 40 paramètres, captant ainsi les besoins du piéton, l'usager de la ville.
Atteindre un climat urbain supportable
Reto Camponovo revient sur la nécessité de penser à une échelle globale l'évolution de la ville. Il ne s'agit pas de construire séparément des bâtiments plus adaptés au dérèglement climatique, mais d'envisager cela de manière systémique. Construction, végétalisation, tout doit être minutieusement réfléchi dans son ensemble et adapté à chaque localisation. Il rédige d'ailleurs un guide qui vulgarise ces notions, portant pour le moment le titre provisoire La ville fait le climat. Les bâtiments doivent être repensés, pour abandonner le côté lisse et carré, au profit des formes permettant aux constructions de s'auto-ombrager.
ll faut désasphalter la ville.
Il est également nécessaire de ramener la nature dans la ville. Méfiant envers les slogans comme Il faut planter 500 arbres, Reto Camponovo privilégie une étude précise de chaque lieu accueillant les arbres. En effet, ces derniers doivent pouvoir s'y développer et survivre, la chaleur leur étant également néfaste, mais leur présence en milieu urbain est nécessaire :
L’arbre est le parasol le plus intelligent.
Partageant la lassitude des climatologues, Reto Camponovo retrouve espoir dans l'enseignement. La jeunesse est écologiquement consciente et sensible aux enjeux climatiques. On ne les écoute pas assez.
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Émission diffusée sur Radio Vostok en direct du Service de la culture de Meyrin, le 10 novembre 2023
Publiée le 13 novembre 2023
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